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60 ANS DE UNITATIS REDINTEGRATIO : TOP OU FLOP ?

Le IIème Concile du Vatican constitue sans conteste un hapax existentiel dans la vie
bimillénaire de l’Église du Christ. Et à en croire les Pères conciliaires eux-mêmes, la promotion
de l’œcuménisme en était l’un des buts majeurs (cf. incipit d’Unitatis redintegratio). La XVIème
Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques (de l’Église catholique romaine), qui a
récemment clos ses travaux triennaux, parle dudit Concile comme d’« une semence jetée dans
le champ du monde et de l’Église » (Pour une Église synodale : communion, participation,
mission, Document final, n. 5), et en a largement fait écho, le convoquant une soixantaine de
fois. Est-ce que le champ du monde et de l’Église a été un terreau de la semence conciliaire ?
Autrement dit, les fruits de l’œcuménisme ont-ils tenu la promesse des fleurs du Concile ? Ou
alors les épines des réticences et résistances réactionnaires ont étouffé la graine du renouveau,
et la montagne conciliaire a accouché d’une souris œcuménique ? Le soixantième anniversaire
de la promulgation de ce décret est assurément une occasion en or de se faire une religion sur
la question.
1. La synodalité : l’épreuve de vérité
Un Synode sur la synodalité, plus d’un demi-siècle après Vatican II, est la preuve par neuf
de l’échec cuisant de la politique œcuménique de l’Église catholique. Et pour cause, « les
dialogues théologiques mettent l’accent sur la relation réciproque entre la structure synodale de
l’Église catholique ad intra et la crédibilité ou l’attrait de son engagement œcuménique ad
extra » (Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, L’évêque de Rome. Primauté et
synodalité dans les dialogues œcuméniques et dans les réponses à l’encyclique ‶Ut unum sintʺ,
2024, n. 153). La synodalité est donc l’antichambre, la pierre de touche de l’œcuménisme, dans
la mesure où « le concept de synodalité peut également s’appliquer aux relations de l’Église
catholique avec les autres communions chrétiennes, puisque le chemin œcuménique est
également un processus de ‶chemin communʺ » (ibid., n. 155).
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En effet, si entre fidèles de la même Église, la communion (censément pleine !) dans la
participation diverse à l’unique mission de l’évangélisation laisse encore à désirer, il va de soi
que ce n’est pas à l’extérieur que la communion va prospérer. Si la coopération entre les fidèles
de la même Communauté ecclésiale est poussive, comment espérer que la collaboration avec
des frères séparés soit effective ? L’œcuménisme se mesure donc effectivement à l’aune de la
synodalité. Du reste, si des avancées peuvent être revendiquées à bon droit, en ce qui concerne
la participation des laïcs à certaines responsabilités, elles demeurent relativement faméliques,
tant le cléricalisme a la peau dure. Et il n’y a aucune commune mesure entre les possibilités
offertes par le Concile Vatican II et les velléités exprimées jusqu’aujourd’hui. Les laïcs
demeurent les parents pauvres de la gouvernance de l’Église-Famille de Dieu. 60 ans après
Lumen Gentium qui a consacré tout un chapitre à la figure des laïcs (IV) et assigné aux pasteurs
le devoir impérieux de « reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans
l’Église » (n. 37) ; 59 ans après Ad gentes qui promouvait vivement l’apostolat des laïcs, allant
jusqu’à affirmer que l’Église « ne vit pas pleinement […] si un laïcat authentique n’existe pas
et ne travaille pas avec la hiérarchie » (n. 21) ; 59 ans après Apostolicam actuositatem dédié à
la gent laïque, qui a demandé expressément à ce que croisse considérablement la participation
des femmes dans la vie de l’Église (n. 9), le Synode sur la synodalité s’est borné à gloser certains
textes magistériels, principalement ceux de Vatican II, car « le chemin synodal constitue un acte
de réception ultérieure du Concile, prolongeant son inspiration et relançant sa force prophétique
pour le monde d’aujourd’hui » (Document final, n. 5).
À l’heure où l’on se serait attendu à un bilan rigoureux de l’implémentation des
résolutions conciliaires, nous en sommes encore et toujours à une réception passive. Le
cléricalisme farouche et fanatique qui sévit dans l’Église, avec son cortège d’abus, la rend
malheureusement hémiplégique, paralysée qu’elle est d’un côté par des pesanteurs
antiévangéliques. Et ce qui vaut pour la synodalité ad intra vaut tout autant pour la synodalité
ad extra, eu égard au lien sus-évoqué entre la synodalité et l’œcuménisme.
2. Quelques considérations sur la primauté romaine
Selon le Synode sur la synodalité, « le processus synodal a également contribué à revisiter
les modalités d’exercice du ministère de l’évêque de Rome à la lumière de la synodalité »
(Document final, n. 130). Les détails de cette revisitation sont inscrits dans le document d’étude
du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens sus-cité, qui conserve mordicus, à grand
renfort de cavillations théologiques, au nombre desquelles la volonté de « re-réception » du
Concile Vatican I par l’Église catholique (L’évêque de Rome. Primauté et synodalité…, n. 178),
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la vulgate éculée de la nécessité du ministère pétrinien pour l’implémentation de l’unité des
chrétiens. Un ministère qui présente la primauté papale comme une autorité/diaconie.
Malheureusement, ce ministère controversé est autant au service de l’unité des chrétiens que le
sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce baptismal…
Si le Christ a abdiqué volontiers son égalité vis-à-vis de Dieu pour rejoindre notre
humanité et la transfigurer (cf. Ph 2, 6-8), pourquoi son « premier vicaire sur terre »
n’abdiquerait-il pas cette problématique primauté, du moins ses aspects les plus clivants, au
service de l’unité que son « Curé au Ciel » appelle de ses vœux (Jn 17, 21) ? Saint Paul nous
enseigne pourtant que le vrai garant de l’unité c’est l’humilité, dont le Christ nous a fait une
démonstration perpétuelle (Ph 2, 1-5). Ce Christ, « Premier-Né de toute créature » (Col 1, 15),
n’a pas fait prévaloir sa Primogéniture, sa Primauté, mais par son humilité, son abaissement, a
uni le Ciel à la terre.
Par ailleurs, le véritable berceau de la chrétienté est Jérusalem, où le Christ, Fondateur du
christianisme est mort et ressuscité. Mais ce berceau naturel s’est retrouvé subrepticement
transféré à Rome pour des raisons éminemment politiques, au prétexte théologique que c’est
dans cette ville que Pierre et Paul ont connu le martyr et ont été ensépulturés, au point de faire
de cette ancienne terre de mission la capitale mondiale du christianisme. D’un point de vue
symbolique, historique et mystique, n’est-ce pas le lieu du martyre et de la résurrection du
Christ, Fondateur du Christianisme et Tête de l’Église, qui devrait prévaloir ? Tant que la
primauté pétrinienne prendra le pas sur l’unité chrétienne et même sur le Christ Lui-même,
malgré toutes les circonlocutions utilisées pour enrober une persistante volonté hégémonique,
l’œcuménisme demeurera un vœu pieux ou, dans le meilleur des cas, une poudre de projection,
une bouteille jetée à la mer.
En effet, c’est l’Esprit Saint qui est « le principe de l’unité de l’Église » (Unitatis
Redintegratio, n. 2). Dans le même sillage, le Magistère lui-même enseigne que l’Église est une
de par la Sainte Trinité dont elle procède, de par son divin Fondateur qu’est le Christ et de par
son Âme, l’Esprit Saint (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 813). Ce triple fondement
unitaire, mieux, ce fondement trinitaire de l’unité, n’est-il pas suffisant pour que l’on
s’abstienne de conférer au Pape une autorité traduite par un titre qui en soi blesse l’unité
recherchée ? Présenter l’évêque de Rome, après ce qui précède sur les fondements de l’unité de
l’Église, comme « principe et fondement de l’unité de l’Église » (Document final, n. 131, faisant
écho à Lumen Gentium 23, qui elle-même fait écho au Préambule de Pastor Aeternus de Vatican
I), n’est-il pas contradictoire et rédhibitoire ? À moins qu’en plus d’être « vicaire du Christ »,
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même si le Pape François a renoncé depuis 2020 à ce titre, le successeur de Pierre soit aussi «
vicaire de l’Esprit Saint » et même « vicaire de la Sainte Trinité ». Le Pape comme « principe
et fondement de l’unité » est plus une pomme de discorde qu’un ferment de communion. C’est
ce qui fit dire fort justement à Paul VI, 262ème pape de l’Église catholique, que « la papauté est
l’obstacle le plus grave sur le chemin de l’œcuménisme » (Allocution au Secrétariat pour
l’Unité des chrétiens, AAS 59 (1967), p. 68).
En outre, s’il est vrai que le dernier Synode des évêques catholiques romains a, au nom
de l’Église catholique, fait son mea culpa via une veillée pénitentielle, confessant entre autres
péchés, ceux contre la communion et l’écoute (Document final, n. 6) qu’elle a commis et qui
sont clairement des péchés contre la synodalité interne et externe, le fait est que la pénitence
exige trois actes clairement définis pour le pénitent : la contrition, la confession et la
satisfaction. S’il n’est pas possible de juger de la qualité de la contrition qui peut être de charité
ou de crainte (cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1452-1453) et que la confession a été
effective, il reste qu’il faut satisfaire à la satisfaction, c’est-à-dire travailler à remédier à tout ce
que les péchés ont créé comme dérèglements et pallier tous les péchés d’omission. En
l’occurrence, relativement aux péchés contre la synodalité et l’œcuménisme, il faut poser des
actes concrets et significatifs. Le Pape François a donné le ton pendant son allocution finale : «
Que les paroles partagées soient accompagnées d’actes. » Plus significatif encore le fait que
celui-ci ait renoncé à sacrifier à la tradition de produire une exhortation apostolique post￾synodale. Comme pour dire : « Trêve de parlotte, place à l’action ! »
3. Quid de l’œcuménisme au Cameroun ?
Le Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme, qui
s’adresse également aux non-catholiques (cf. n. 5), invite ceux-ci à « évaluer les initiatives
prises, à tous les niveaux, par les catholiques pour y répondre adéquatement » (ibid.), au nom
de ce que nous avons en partage « le souci de la qualité de l’engagement œcuménique » (ibid.).
Au nom de cette charitable prérogative, disons qu’au Cameroun particulièrement, c’est un
euphémisme d’affirmer que les attitudes et habitudes observées sur le terrain de l’évangélisation
contrastent avec les vœux formulés par le saint Concile. Et comme dit l’adage : « Contra factum
non valet argumentum » (contre un fait, il n’existe pas d’argument). Les faits dans notre
contexte sont d’une rare têtutesse.
Nous vivons dans un contexte dominé par l’ignorance (souvent entretenue) et la
méconnaissance des uns, l’intolérance et la méfiance des autres, la mésestime, le prosélytisme
et le clientélisme de bon nombre, la discrimination à ciel ouvert ou sous le boisseau. Un contexte
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où l’ancrage fait l’apanage, où il est très courant d’entendre des prêtres, pasteurs et Églises mis
à l’index avec un mépris princier, du simple fait de leur non-appartenance à un certain « gotha »
religieux. Un contexte où il est courant d’entendre ou de lire des expressions désobligeantes
comme « églisettes », « faux prêtres », « fausses églises », etc. Un contexte où la fréquentation
des frères séparés par un tenancier de la boutique la plus en vue est considérée comme un crime
de lèse-obédience, de lèse-majesté. Un contexte où les frères séparés sont traités au sulfate de
mépris et par-dessous jambe. Autant d’entraves au mouvement œcuménique prôné par le saint
Concile, dont la mission première consistait dans « tout effort accompli pour éliminer les
paroles, les jugements et les actes qui ne correspondent ni en justice ni en vérité à la situation
des frères séparés et contribuent ainsi à rendre plus difficiles les relations avec eux » (Unitatis
Redintegratio, n. 4). Le moins que l’on puisse dire est que l’œcuménisme est resté pour compte,
lettre morte, car les paroles fâcheuses, les jugements préconçus et les actes hostiles sont
quasiment monnaie courante chez nous. D’aucuns auront tôt fait de qualifier ces travers de
marginaux, anecdotiques, alors qu’ils sont clairement symptomatiques de la sclérose et de la
névrose qui minent l’Église. Et c’est un leurre de penser que « l’unité fermente silencieusement
au sein de la Sainte Église de Dieu » (Document final, n. 4), lorsque des chrétiens, notamment
des clercs, fomentent ostensiblement la division au sein du Peuple de Dieu. La semence
conciliaire n’a aucune chance d’éclore définitivement si certains chrétiens n’opèrent pas la
révolution copernicienne qui consiste à « renoncer à l’arrogance d’une Église qui serait en
possession tranquille de la vérité absolue du christianisme » (Jean-Marc Ela, Repenser la
théologie africaine. Le Dieu qui libère, Paris, Karthala, 2003, p. 164).
L’œcuménisme sous le ciel Cameroun se cantonne généralement aux prières pendant la
semaine pour l’unité des chrétiens, à des colloques y relatifs, à des cercles œcuméniques qui
multiplient des rencontres, mais dont le travail est plombé par certains qui pénélopent
sciemment la tunique sans couture du Christ, amochée par les divisions de l’histoire du
christianisme ; ou encore à quelques initiatives chétives, mais louables, de certains pasteurs sur
leur territoire de compétence. Voilà l’œcuménisme à la sauce camerounaise. Et les progrès
célébrés par l’Assemblée synodale (Document final, n. 40) ne sont pas très perceptibles dans le
triangle national, si l’on s’en tient à la fresque glauque que nous venons de peindre
objectivement. La vérité est que la calotte ne souhaite pas lâcher du lest. Et en Afrique, au
Cameroun notamment, soit elle est souvent plus catholique que le Pape, refusant de lâcher la
bride, soit elle est tenue en bride, rechignant à tirer parti des filons magistériels pourtant
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disponibles pour opérer le nécessaire « passage de la tutelle à la prise d’initiative », selon le
mot d’Ela (op. cit., p. 164).
Conclusion
L’uniformité n’est pas toujours gage d’unité. La diversité, quant à elle, est toujours gage
de richesse. Il faut humblement écouter ce que l’Esprit Saint dit à l’Église universelle, aux
Églises d’Afrique, à l’Église du Cameroun. Ce, « sans mettre un obstacle quelconque aux voies
de la Providence et sans préjuger des impulsions futures de l’Esprit Saint » (Unitatis
Redintegratio, n. 24), mais habités par la prière instante du Christ pour l’unité, hantés par le
même esprit d’ouverture et de réforme qui avait présidé à la convocation et aux travaux du saint
Concile de Vatican II. Pour cela, il faudrait absolument faire la part du feu pour faire la part
belle à l’Évangile, à l’Esprit Saint, en ayant toujours à l’esprit que nul n’a le monopole de la
vérité, du Christ, de Dieu.